LES ACTES et mentions INSOLITES DES REGISTRES D’ETAT CIVIL    
 

Le reinage peut être défini comme une fête au cours de laquelle sont attribués des titres et des privilèges au moyen d'une vente aux enchères de cire.
Plusieurs confréries dans une paroisse pouvaient organiser ce genre d'élection où le paroissien déclaré "roi" était celui qui offrait la plus grosse somme pour acheter de la cire. Un "réaulme" ou "royaume" était ainsi formé, composé d'un roi, d'une reine,  et d'autres personnages selon l'importance de la confrérie.
Dans beaucoup de paroisses, le reinage correspondait à la fête patronale.  

La consommation importante de cierges lors des processions ou lors des cérémonies funèbres rendait la cire très précieuse . L'inscription à une confrérie ou à une corporation de métiers se payait par exemple en livres de cire. La bénédiction du cierge pascal, les processions à la lumière des cierges, le cierge de baptême ou encore l'éclairage au service des plus riches sont autant d'usages connus de la cire.
Il existe même la fonction de "luminier" dans certaines paroisses, celui-ci étant chargé de l'éclairage des églises.

Je profite d'aborder ici le sujet des luminiers pour inclure un fait insolite inscrit dans les registres de Ampuis (Rhône) en 1647.
Voici un luminier prévoyant qui planta des noyers afin d'avoir de l'huile pour la lampe qui éclaire le St Sacrement de l'église ! J'imagine qu'il lui fallu beaucoup de patience avant de pouvoir allumer sa première lampe ! 
 

Ad69 Ampuis- 1647- Vue2/5

Roi et reine, évêque, prieur, porte-enseigne, lieutenant du roi, grand prévôt, premier archer,  second archer, capitaine des gardes, aumônier du roi, sergent, bailli, maréchal des logis, porte-guidon, tâte-vin .

Le résultat des reinages s'inscrivait le plus souvent dans les registres des comptes de la fabrique de la paroisse puisqu'ils correspondaient à une rentrée d'argent non négligeable, mais nous en trouvons cependant quelques mentions dans les registres paroissiaux.

Cette petite commune d'Auvergne comptait 800 communiants en 1737, d'après la visite paroissiale effectuée par l'évêque cette année-là.
"Quelques reinages" sont encore mentionnés en 1783 et en 1729, la visite paroissiale précise " Il n'y a que quelques reinages dont le produit consiste en oblations et offrandes (qui) sont employés au luminaire de ladite église".
Les reinages dont nous conservons la trace dans les registres paroissiaux se sont déroulés vers 1570-1575. Ces mentions nous apprennent par exemple, qu'une petite paroisse comme celle-ci s'animait de plusieurs reinages durant l'année et plusieurs rois et reines étaient donc élus .

Nous avons ainsi , la reine de Notre Dame d'août qui donna la somme de 5 livres , la reine de Notre Dame de septembre avec 2 livres et la reine de l'exaltation de Sainte Croix de septembre avec 3 livres.

registres paroissiaux de la mairie

Les registres de cette paroisse nous offre la mention du reinage de St Jean-Baptiste en 1680 , au cours duquel, un certain Loys Onurier a acquis le titre de roi pour 40 livres , et Marguerite Roucheri devint reine avec 30 livres !

Est-ce parce que les généreux donnateurs se faisaient rares qu'en 1679, au reinage de Ste Marguerite, c'est le curé et sa belle-sœur qui furent déclarés roi et reine !

"Le vingt troisiesme juillet 1679 le renaige de Ste Marguerite
a este delivre pour le Roy a moy pour cinq livres et
pour la Reyne a Marguerite Delmas ma belle soeur à huict livres. "

Il faut dire que cette même année, il y eu 3 reinages à une semaine d'intervalle chacun :
celui de Ste Marguerite , suivi  par celui de Ste Anne, puis celui de l'Assomption !

Ad15 Carlat Bms 1672-1752 vue 48/394

Nous avons ici :

"pour pourter les deux premieres
torches Hugues Morinel"

"pour porter les deux dernières torches
Huguette Villeviety et sa compagne "

et plus insolite :

"pour dansser le branle de la Reyne "

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