LES ACTES et mentions INSOLITES DES REGISTRES D’ETAT CIVIL
    
 

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(1) "Cultures républicaines"

(2) "Constitution civile du clergé"

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Le serment civique des maires
La fin de la tenue des registres par les curés
L'avis du curé de Blanot "la fausse philosophie du temps"
L'avis du curé de Deneuville-Les-Mines "une vengeance divine"
Le curé réfractaire d'Hotonnes
 

La Révolution dans les registres

Les premiers témoignages de cette période agitée sont écrits par le curé Poirier de Blanot (Saône et Loire).. Pendant presque 20 ans, tout comme son prédécesseur, ce curé a inscrit dans ses registres les évènements de sa paroisse et du royaume. Ainsi, il notera quelques mentions de la révolution et de la persécution que subit le clergé à ce moment là .
Après la Révolution française, il était demandé à tous les représentants de l'état voulant exercer leur fonction de prononcer le "serment civique" par lequel ils acceptaient l'ordre républicain.
Plusieurs serments furent écrits au cours de cette période dont celui du 14 juillet 1790  :
"Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi." (1)
C'est ainsi que nous trouvons mention de ce serment dans le registre de Blanot écrite par le curé, Mr Poirier.

La loi du 20 septembre 1792 ordonne que chaque municipalité nomme un officier d'état civil chargé de tenir les registres des naissances, mariages et décès (NMD) qui remplacent les registres de baptêmes, mariages et sépultures désormais retirés aux prêtres. Monsieur Poirier, curé de Blanot depuis 1774, parle de ce transfert de fonction à la dernière page de son dernier registre et termine par une franche désapprobation de sa part pour ce qu'il appelle "la fausse philosophie du temps qui n'est autre chose que l'irreligion ".
Le curé de Deneuville-Les-Mines (Allier) inscrit lui aussi une remarque en ce sens, parlant d'une "année si desastrueuse pour le clergé qu'on a dépouille".

La politique révolutionnaire s'applique alors à bannir toute représentation du christianisme dans la vie quotidienne des français : modification du calendrier, interdiction des cultes et de tout signe religieux , jusqu'à la fermeture des églises de la capitale le 23 novembre 1793.
A partir de 1791, les prêtres doivent alors prêter serment à la constitution civile du clergé.(2)  Ceux qui refusèrent furent dits "réfractaires" et persécutés, les autres furent dits "prêtres constitutionnels". Le prêtre d'Hotonnes (Ain) n'hésitera pas à écrire dans ses registres qu'il est réfractaire .

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Commune de Blanot (Saône et Loire) - 1790


Ce jour du 14 juillet 1790, "tous les citoyens actifs de la dite paroisse assemblés a cet effet, tous les qurés, avec nous" 
ont "renouvelé le serment civique et solemnel d'être fideles a la nation, a la loi et au roy".
Nous devinons, lors de cet évènement, une étroite collaboration Mr Comby maire et de Mr Poirier curé, ce dernier 
"après un discours " assure "la bénédiction d'une bannière et la célébration du St Sacrifice de la messe"
 


"ad perpetuamrei memorian
prise de la bastille forteresse de la capitale
arrivée le quatorze juillet 1789 , cellebrée le meme
jour de l'année suivante 1790
Ce jourdhuy quatorze du mois de juillet mil sept cent quatre vingt
dix jour De st.bonaventure en vertue d'une proclamation du
conseil du département de Saone et Loire en date du vingt six
juin année Susdite, nous soussignés maire, procureur sindic et
notable de la municipalité de blanot, revêtus de nos écharpes
marques distinctives de nos charges, accompagnés de notre
garde nationle commandée par jean baptiste greuzard habitant du
dit blanot, nous sommes transporté en corps et ceremonie en
Leglise de la dite paroisse, ou, après un discour prononcé par mr
poirier notre curé, la benediction d'une banniere et lacélé
bration du St Sacrifice de la messe, nous avons conformément
aux arrêtés du dit conseil renouvellé le Serment civique et
Solemnel d'être fideles a la nation, a la loi et au roy, et de
maintenir de tout notre pouvoir la nouvelle constitution
du royaume, ce qui a été a l'instant pratiqué par tous les
cytoyens actifs de la dite paroisse assemblé a cet effet, tous
les qurés, avec nous, a lheure précise de midi, ont donné
leur adhesion au pacte fédératif qui se conclu a paris.
Dont nous avons dressé le present procès verbal et nous
sommes soussignés (...)
 


Ad 71 Blanot BSM 1779-1792 collection communale vue 96

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Commune de Blanot (Saône et Loire) - 1790

C'est sans doute avec beaucoup d'amertume que Mr Poirier, curé de Blanot depuis 1774,
se voit retirer le droit de tenir ses registres .
Toutefois, "les registres n'ayant pas été envoyé aux municipalités"
le curé s'autorise la tenue des registres encore quelques mois durant l'année 1793.


Ad 71 Blanot BSM 1779-1792 collection communale vue 122

"Nota. une loi du 20-7bre 1792 otant aux
curés les registres a venir dont ils étoient en
possession de temps immemorial, et les registres
n'ayant pas été envoyé aux municipalités dans
les quinze derniers jours de decembre a la
forme de cette même loi; jusqu'a nouvelle ordre
le restant du papier de ce registre me servira
pour tenir note exacte des baptêmes, mariages
et sepultures de 1793."
 

C'est le 8 janvier 1793 que le curé Poirier écrira son dernier acte, un mariage.
Dans le même registre, le curé expliquera que "la municipalité n'a reçu les nouveaux registres que fort tard,
n'a pas reçue la loi et n'a point encor nommé d officier public autre que moi qui ait refusé
et jusqu'a ce jour 14 février 1793, on en a point nommé depuis mon refus
"
Les registres communaux des naissances comportent les actes de 1792 recopiés des registres paroissiaux,
puis les actes à partir de "janvier de l'an2" suivant directement les actes de décembre 1792.
et se terminant par le 8 fructidor an2 (25 août 1794).
"Janvier de l'an2" correspondait donc à janvier 1793, mais aucun acte n'existe pour le mois de février 1793
alors qu'il y en a habituellement ce mois-ci pour les autres années. 
La même constatation est faite pour les décès, les mariages n'existant pas pour 1793.
Ce qui signifie qu'il y a sans doute des lacunes dans l'état-civil de Blanot en 1793 !

"nota . les actes de l'année suivante
ne sont que des notes que jay faite sur un registre
en papier non timbré non coté ni paraphé,
parce qu'on nous a oté les registres ordinaire pour
les donner aux municipalités qui ont du nommer un
officier public chargé des registres de 1793- Cependant
cette nouvelle loi du 20.7bre 1792 n'est point encor en
vigueur ici , parce que la municipalité n'a reçue
ces nouveaux registres que fort tard, n'a pas reçue
la loi, et n'a point encor nommé d officier public
autre que moi qui ait refusé, et jusqu'a ce jour
14 février 1793, on en a point nommé depuis mon
refus . poirier curé de blanot de donzi ."

Ad 71 Blanot BSM 1779-1792 collection communale vue 122

Enfin, le curé de Blanot termine son registre par des commentaires amers sur la révolution.
Il note "Les malheurs, pour ne pas dire persécution plus violente quil y ait jamais eu contre l eglise"
et parle du "roy qui a eu la bonté de s'environner de son peuple pour rétablir les finances délabrées"
Pour lui, "la fausse philosophie du temps qui n'est autre chose que l'irreligion " .

 

Ad 71 Blanot BSM 1779-1792 collection communale vue 122
"Les malheurs pour ne pas dire persecution plus
violente quil y ait jamais eu contre l eglise , ainsi que la mort du roy
Louis XVI auquel on a tranché la
tête par jugement de la Convention nationale le 21
janvier 1793, sont l effêt de la convention des etats
generaux du royaume assemblés par ce même roy qui a
eu la bonté de s'environner de son peuple pour rétablir
les finances delabrées. La fausse philosophie du temps
qui n'est autre chose que l irreligion a donc renversé le
(...) et si Dieu ny met la main, bientot les autels le
(...) "
 

&&&&
 

Merci à Jean-Louis Pernière  Commune de Deneuville-Les-Mines  (Allier) - 1790
 

Le curé Berthollele écrit que tous les malheurs qui résultent de cette révolution
sont les "effets de la vengeance divine " et que
"dieu permet quelquefois que l'esprit de vertige domine dans les chefs des nations qu'il veut punir"


Ad03 2Mi EC89 1 1730-1796- Deneuville-Les-Mines BMS vue 321
"Cette année si desastrueuse pour le Clergé qu'on a dépouille
pour les religions qui paroit en grand danger, n'est pas
moins défavorable aux pauvres par la chereté des danrrées de
première nécessite car actuellement le bled vaut encor 14 (...)
le septier et le vin 72 livres le poinçon. aux yeux de la (...)
tous les malheurs qui nous ont assallis et qui ne sont pas (...)
a beaucoup près ne sont autres choses que des effets de la vengeance
divine. lorsque l'iniquité est a son comble, dieu permet quelquefois
que l'esprit de vertige domine dans les chefs des nations qu'il veut punir"

&&&&
Commune d'Hotonnes (Ain) -1731

Le curé sans doute réfractaire, voulant laisser une trace de ses opinions écrivit
"l'horrible formule" que les prêtres devaient remplir et signer dans le département de l'Ain
afin de prêter serment : texte appelé "Serment d'Albitte" .
(voir " Antoine Louis Albitte" )

Mais probablement soucieux d'échapper aux persécutions ,
le curé cache ce texte dans le registre de 1731 , en terminant par trois mots en écriture miroir !
Peut-être sa signature ? On note une mention d'une écriture différente au bas de la page
" Quelle horrible formule ! horret infamus "  .
 


" L'an 1794 osi 1793 l'an 2 de la republique française
par ordre du representant albitte representant du peuple en
mition dans le departement de lin , par son impiete et
son ateisme , il ordonne de demolire tout les planché et
de renvercée toute notre sinte eglise , plus il a fait remplir
une faurmulle abauminable a tout les praitre dont voici la
formule : je sousigne  nom prénom - agé né a commune - de district de
departement de lin fesant le metier de pretre , depuis l'an , jour,
titre de - convaincu des erreurs par moy trop long temps
profesée, declare en présence de la municipalité de belley
y renoncer a jamais, declare egalement renoncer , abdiquer
et aparaitre comme fausses illusion et imposture tout
pretendue caractere et fonction de prêtre, jateste
déposer sur le bureau de la dite municipalité tout brevet
titre et lettre . je jure en consequence en face des magistrats
du peuple duquel je reconnais la toutte puissance et la
souverainete, de ne jamais me prevaloire des abus du
metier sacerdotal auquel je renonce; de maintenr la
liberté,legalité de toute mes forces de vivre ou de mourir
pour l'affermissement de la république un indivisible
et démocratique sous peine d'etre declarés infame
parjure et ennemi du peuple et traité comme tel ; de la
maimme ané toute les personne a coeur et vertue on etes
incarceré , tradui dans les prison il a eté dans le maimme
tem que l'on a fait gilliotinés tout les riche et les savant
de toute les ville de france le tout veut qua trop veritable
pour la destruction de l'umanité.

écrit d'une autre main : "quelle horrible formule!
horret infamus

3 mots en écriture miroir (modifiés avec un logiciel):



 

mo
Ad 01 Hotonnes 1731-1735 vue 4

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