Pour de nombreuses religions , le
suicide est un péché grave.
Chez les chrétiens, il est
condamné par le droit canonique qui interdit des funérailles religieuses aux
suicidés .
Au Moyen-âge, les biens des suicidés étaient confisqués, leur corps subissant de
véritables infamies.
Ainsi , les mentions de suicide sont rares dans les registres où l'on préfère parler
"d'accident " .
La religion se révèle cependant plus tolérante envers le suicide causé par la
folie, qu'elle soit réelle ou présumée par les proches .
(voir "Point
de vue religieux sur le suicide")
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Commune de
Neuville-sur-Saône (Rhône) - 1785
Jean Vaux se suicide par pendaison le 22
mai 1785 . La veille de son acte qui était un dimanche , il se comporta
en chrétien exemplaire : " il se confessa, communia, passa le reste
de la journée à faire des lectures de piété à son ordinaire" .
Trouvé rapidement, les tentatives pour le réanimer échouèrent
puisqu'il resta 15 heures inconscient avant de mourir. Le curé sembla
très ennuyé de ne pas connaître les modalités d'un enterrement dans ce
cas-là et dut s'en référer à "Monseigneur l'archevêque de Lyon qui
fut consulté sur la manière dont on devoit enterrer cet infortuné"
.
Jean Vaux eut finalement droit à " un coin du cimetière , sans
aucune cérémonie faisant seulement les prières ordinaires à voix basse"
"jean
vaux dont l'acte mortuaire est ecrit à la fin du
treizieme juillet de ce registre travailloit depuis environ
neuf mois à la fabrique de cotton de cette ville où il s'étoit
toujours comporté d'une manière exemplaire ; le vingt deux
mai dimanche de la trinité il se confessa, communia, passa
le reste de la journée à faire des lectures de piété à son ordinaire
le lendemain à six heures du soir se trouvant seul dans la boutique
où il travailloit il s'y pendit, un instant après il fut trouvé
dans ce pitoyable etat par des femmes, on coupa aussitôt
la corde, on lui procura tous les secours qu'on peut donner dans
de pareilles circonstances, il survecut quinze heures sans donner
aucun signe de connoissance, ainsi de lavis de messieurs
les officiers de cette ville et avec la permission de Monseigneur
l'archevêque de Lyon qui fut consulté sur la manière dont on
devoit enterrer cet infortuné je sousigné vicaire l'ai inhumé
dans un coin du cimetière , sans aucune cérémonie faisant
seulement les prières ordinaires à voix basse, ce vingt cinq mai
mil sept cens quatre vingt cinq " |

Ad69 Neuville-sur-Saône BMS1785 Vue29 |
Commune de Millery (Rhône) -
1714
C'est une véritable crise de folie
qui pousse Marie Chazette au suicide en se jetant d'abord par la fenêtre
de sa chambre et ensuite dans le puits du jardin voisin.
Au début du 18e siècle, le fou est toujours "possédé du mal" . Les
moyens manquent pour l'interner dignement, alors il est enfermé et
enchaîné, et l'on peut comprendre que malgré un séjour à l'Hôtel Dieu,
Anne Chazette ne guérira pas.
Ce n'est qu'à la fin du 18e siècle que la folie est considérée comme une
pathologie à par entière.
(Voir "Echec au fou ou l'histoire de la
folie" )
On remarquera qua ladite Marie a été enterrée dans l'église de Millery.
" Marie chazettes agee denviron cinquante ans fille de feu
paul Chazette et de anne peillot agitée de son esprit
de folie qui la travailloit depuis quelques années, quelle fut
enfermée dans l'Hotel Dieu, pour sen faire revenir, et sestant
jettée la nuit du jeudy a ce vendredy par la fenetre de la chambre ou
elle couchoit, a este trouvee noyée dans le puis de la maison prochaine,
ledit puis dans le jardin vissinal apres que les officiers de la
justice ont fait leur procès verbail a este enterrée dans
leglise de ce lieu de millery ce vingt huitieme avril mil sept cent
quatorze en présence de Jean baptiste peillot
vigneron et de Jean Chazette frere de ladite marie
qui na seu signer." |

Ad69 Millery BMS1714-1715 Vue4 |