LES ACTES et mentions INSOLITES DES REGISTRES D’ETAT CIVIL
    
 

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Les édifices religieux constituaient une tentation prometteuse pour les voleurs tant ils renfermaient d'objets précieux !
Ainsi, les ciboires et les calices d'argents ou de cuivre , les troncs remplis de monnaie 
et d'autres œuvres d'art représentaient une grande richesse . Même les reliques faisaient l'objet de trafics fort lucratifs .
Dans les actes qui suivent , nous avons plusieurs mentions de vols dans les églises et les sacristies où sont dérobés ,
entre autre , des calices, des croix, des reliques, de l'argent et des chasubles galonnées en or et argent !
Nous verrons aussi quelques descriptions de châtiments particulièrement sévères que l'ont réservait à ces voleurs des biens de l'Eglise.
 


Mais commençons par découvrir le récit d'une tentative de vol dans l'église de Pierrefitte-sur-Loire (Allier) en 1725.

Selon le curé, ce sont quatre hommes qui , en pleine nuit, vont briser 2 barreaux de fer "quoy que fort gros" de la fenêtre de la sacristie .  Sans doute seront-ils déranger par du bruit dans la rue qui les fera s'enfuir sans commettre de vol.
Il y avait pourtant "en la sacristie pour mille livres environs d'argenterie , d'ornements riches et linges très fins ".

"accident
le 17 oct(obre) dernier sur les deux heures apres minuit 1725
la petite fenestre de la sacristie de cette eglise fut forcée
avec de gros leviers et une echelle qui avoit esté prise en
la maison voisine, il falloit quil y est quatre hommes
pour faire jouer ces leviers, en sorte que deux des barraux
de fer quoy que fort gros furent cassés et rompus net par
le milieu, mais comme estoient proches d'y entrer et d'y faire
leur coup , il se fit quelque bruit dans la rue qui leurs fit

peur et heureusement les mit en fuite , sans quoy il y
avoit en la sacristie pour mille livres environ
d'argenterie, d'ornemens riches , et linges très fins qui auroient
estés enleves , gratias deo agamas (=grâce à Dieu) et que cela nous apprenne
a ne plus laisser en  la sacristie les calices , ciboires ny linges
et ornemens precieux . "

 


Ad03 Pierrefitte-sur-Loire BMS 1673-1792 vue281


En 1747 , à Collonges-au-Mont-D'or (Rhône) , la porte de la sacristie fut forcée et un trou fait à travers le mur . Deux calices d'argent, une croix d'argent avec une relique de la vraie croix , six ou sept francs furent dérobés. Plusieurs habitants du village signèrent la mention du curé dans son registre et celui-ci jura sans doute , mais un peu tard , qu'on ne l'y reprendrait plus! Il avertit ainsi ses "successeurs de ne rien tenir de précieux a la sacristie " .

" Nota 1° que le nuit du troisieme et quatrieme de mois passé second
dimanche de l'avent , la sacristie de cette paroisse fut volée . Claude Guillot
dit Mame luminier fut le premier qui s'en apperceut ayant ouvert l'Eglise sur
les sept heures du matin il accourut a la maison curiale tout effrayé ; on se
transporta sur le champ a l'Eglise ; on trouva la porte de la sacristie forcée
en dedans , et dans la sacristie une ouverture faite au mur par laquelle un
homme pouvoit aisément passer . inventaire fait, on trouva que les voleurs
avoient emporté deux calices d'argent avec leurs patènes, une croix toute
d'argent qu'on portoit à la main aux processions et a  laquelle etoit attachée
une relique de la vraye croix, et enfin six ou sept francs en monnoye .=>


 

=> outre un petit ciboire dont on se servoit pour porter le St Viatique aux
malades le grand autel se trouva découvert et dessus étoit la clef du tabernacle
sans doute que quelque contretenus les empécha de porter plus loin leurs mains
sacrilèges ; ils ne toucherent point au tabernacle, et l'on n'a point trouvé que
rien manquât ny au linge ny aux ornements . comme ce jour, ainsi que je
l'ay marqué se trouvoit le second dimanche de l'avent , toute la paroisse a eté
temoin de la fracture et du vol. je me suis contenté de faire signer icy avec Mr le
Vicairiat avec moy cinq ou six des principaux habitants . le tout pour servir ce que
de raison, et pour être en cas de besoin un avertissement a mes successeurs de ne
rien tenir de précieux a la sacristie . fait a Colonge ce sixieme janvier mil
sept cent quarante sept . "

 l'acte original : ici vue4/18


Le vol d'objets sacrés dans la sacristie de la paroisse de Joux (Rhône) en 1769 donna lieu à ce que l'on appelait alors une "dépollution" du lieu ayant subi le  sacrilège .  Voici ce qu'écrit le curé à ce sujet : " apres cette horrible prophantion jay donné la bénédiction du St Sacrement avec le ciboire apres avoir fait amande
honorable avec le peuple"

Il note qu'une croix d'une valeur de 600 livres avait déjà été dérobée dix années plus tôt et met en garde ses successeurs "de prendre garde a fortifier les eglise
et maison pour les mettre a l'abri des voleurs "

"l'an mil sept cent cinquante trois et la nuit de treize
au quatorze decelbre l'église de joux a esté volée . les voleurs
ont brisés les barrots de la fenestre de la sacristie avec
un timon de charette joint a son essieu . ils ont
pris dans icelle sacristie deux calices , un grand ciboire
une petite custode . apres cette premiere prophanation
ils ont brisés la porte de la sacristie et ont ouvert
le tabernacle ou ils ont enlevés un ostensoir tres
beaux sans cependant porter leurs mains prophanes
sur le ciboire ou estoit le Saint des Saints . de la ils ont
ouvert l'harmoire de la chapelle du Seigneur ou ils
ont prix le calice de la ditte chappelle, et sont sortis
par la fenestre de la ditte chappelle. le dimanche
apres cette horrible prophantion jay donné la benediction
du St Sacrement avec le ciboire apres avoir fait amande
honnorable avec le peuple nota qu'une croix dargent
de valeur de six cent livre avoit esté prise dix ans
auparavant . jay écrit cette action profane pour donner
avis a mes successeurs de prendre garde a fortifier les eglise
et maisons pour les mettre a l'abri des voleurs "


Ad69 Joux 102GG1 1753 vue10

Un autre témoignage de vol dans une sacristie se trouve dans les registres de Malicorne (Sarthe) . En 1770, de nombreux objets furent dérobés mais ce qui est notable c'est le fait que les malfaiteurs " emporterent (les étoles, chasubles et voiles) dans les champs de Meréville, les degallonerent au pied d'un pailli qui y etoit alors , les foulerent aux pieds dans la boue et la fange " avant de les abandonner.

"La nuit du cinq au six avril 1770 surveille du
dimanche des rameaux l'eglise de Malicorne fut
volée par des gens inconnus qui entrerent par le
moyen d'une echelle dans le jardin de la cure , force
rent avec un gros levier les grilles d'une des fenestres
de la sacristie la plus proche du pignon, enfoncerent
un panneau de verre , entrerent dans la sacristie
forcerent un coffre ou on ramassait les oblations
pour les repassés , volerent tout l'argent qu'ils y
trouverent montant environ à la somme de cens
vingt livres , ouvrirent les tiroirs ou etoient les
chasubles des festes et dimanches , en prirent quatre
avec huit etoles  , huit ... et deux voiles, =>


 

=> le tout gallonné en or et argent fin, les empor-
terent dans le champs de Meréville, les degallon-
nerent au pied d'une paillé qui y etoit alors,
les foulerent aux pieds dans la boue et la fange ,
apres quoy ils les jetterent dans le parterre
du prieuré par dessus le mur près de la ruelle
qui conduit a ... ou apres plusieurs
recherches on les trouva eparses sur la terre
déchirées en plusieurs endroites et gastés par la
pluye et la boue . Ce vol auroit fait gros à
la fabrique de plus de huit cent livres si des person-
nes pieuses n'en eussent reparé une partie à
leurs frais "

l'acte originale ici vue71


De tout temps , le vol fut sévèrement puni et en 1724 , une déclaration royale légifère sur les châtiments imposés aux voleurs.
Les sanctions sont impitoyables :
au minimum , le coupable est soumis au fouet et la marque (au fer rouge) , alors qu'un vol avec circonstances aggravantes pouvaient conduire aux galères, à l'enfermement à perpétuité ou à la mort .
Voir ici
Un vol commis contre une autorité (l'église, l'état ou un maitre par son domestique)  était sévèrement puni , comme nous le découvrons dans les actes suivants .
 
En 1721 , le curé de Pruillé-l'Eguillé (Sarthe) mentionne le châtiment terrible infligé à l'auteur des vols d'objets dans son église deux  mois plus tôt .
Le voleur "fut brulé vif a chasteau du loir apres avoir fait amande
honorable , et le poing coupé pour avoir volé dans notre église "
.

Le curé ne semble pas ému par une telle sentence !

 


Ad72-Pruité-l'Eguillé 1707-1740 vue130

Une autre condamnation pour vol dans l'église de Dangeul (Sarthe)  est inscrite en 1737. Les hommes , seulement soupçonnés d'avoir commis l'infraction , ont fait 4 mois de prison au Mans, puis furent condamnés au fouet et au carcan , mais ne reçurent que le fouet "seulement" !

"la nuit du 20 au 21 aoust la sacristie a esté
volée et les troncs ouverts ce sans qu'on ay
pû decouvrir par qui , on a forcé l'armoire
ou sont les titres de l'eglise qui ont estes jettes
epard dans la ditte sacristie il y a proces verbal
que moi Berault curé ay fait faire par
Me Pichard notaire le 21 aoust 1737 qui constate
toutes les circonstances de ce vol nota qu'
ayant soubsonné deux hommes qui demandoient
l'aumone se disant avoir estes incendies je les
fis chercher par la marechaussé ils furent
arresté a ... conduis dans les prisons
du Mans ou ils ont este pres de quatre
mois on na pu trouver la preuve contre
eux dont l'un se nommoit françois
recrue de vaucelles faubourg de Caen
l'autre Etienne Paroy d'Alençon
mais parce que lon --- point
pour eux et qu'il y avoit suposition de
que visiblement ils n'avoient point
estes incendiez ils ont esté condamné scavoir
roué au fouet et au carcan ce qui a
esté executé au Mans le ... octobre 1737
a esté marque d'un V
et Paroy au fouet seulement. "

 


Ad72 Dagneux 1700-1739 vue26

 

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